Bonjour Miette
Belle question, je suis entièrement d'accord avec vos commentaires.
C'est en physique et en théorie chromatique que "noir" est non-couleur.
Les peintres ont un autre angle de perception et d'utilisation du noir.
Pour eux le blanc, le noir, sont couleurs parmi d'autres. Ce ne sont pas, il me semble, des intellos de la couleur et des synthèses additives ou soustractives. Ce seraient davantage des amoureux aveugles, si je puis me permenttre ce paradoxe, du moins à l'endroit des coloristes.
Pourtant j'ai quelques doutes sur "l'accroche".
J'ai le sentiment qu'elle est construite sur une façon de pastiche des conceptions manichéennes du monde : opposition bien/mal, opposition noir/blanc, alors que la réalité n'est que nuances et dominantes, rien n'est tout à fait blanc ni tout à fait noir. Les cultures asiatiques posent le yin et le yang comme complémentaires dans un cercle de complétude. Les occidentaux sont davantage influencés par le manichéisme et sa radicale rupture entre concepts.
Pour un regard de peintre, le noir vibre différemment selon les textures ou les couleurs qui l'entourent, comme toute couleur par ailleurs.
Un "bleu", ce qui en soit ne veut rien dire, recouvre un infini de nuances bleues, pas seulement dues au bleu en lui même mais souvent aux autres couleurs qui l'entourent. Un gris sans une once de bleu devient le plus insaisissable, le plus affolant des bleus, environné de chaleureux bruns ou autes exemples. On ne peint que par utilisation des contrastes des couleurs.
A moins que l'on ne parle de peinture moderne monochrome, type "bleu Klein", ou "Carré blanc sur fond blanc".
Quant aux oeuvres limitées à l'usage du noir et du blanc, sans la gamme inépuisable des gris, l'émotion esthétique naîtrait du mouvement créé par la quantité dosée de noir et de blanc et la découpe de l'espace qu'elle entraine.
Il est des oeuvres où tout semble bouger, l'espace chahute.
D'autres sont délibéremment l'utilisation d'une ligne noire sur fond blanc. Là c'est une pureté qui danse.
Mais comme "la peinture ne se dit pas par des mots"...je vous cite...sinon...
Sinon je ne serais pas écartelée depuis toujours entre l'impossible choix entre la peinture et l'écriture. En conséquence médiocre dans les deux.